21 avril
Les beaux jours approchent, le soleil met de baume aux coeurs, les barbecues commencent à chauffer, les apéritifs, les amis et leur inlassable propension à faire "comme si de rien n'était".
Le semaine dernière, une amie (qui est une des rares à OSER me parler d'Ella!!!) me faisait une petite dédicace sur son FB (non? ce n'était pas pour moi??!!). Elle OSAIT publier le témoignage d'une maman sur la perte de son enfant. Je me remets quotidiennement en question sur la mort d'Ella, dois-je continuer à pleurer, à regretter certaines choses, à vouloir avancer, à parler d'elle, à penser à elle... J'ai bien la réponse à toutes ces questions et la conclusion reste toujours la même : les gens ne sont pas prêts !!! Cette maman explique avec beaucoup de pudeur, de distance et de recul ce qui l'a frappée avec toute la violence imaginable : 12 ans après la mort de son premier né et après avoir mis au monde 3 autres enfants, elle aura toujours cette tristesse en elle, celle d'avoir dû laisser son enfant dans un hôpital, de rentrer les bras vides et de ne recevoir de son entourage que de l'ignorance (je grossis la situation de manière tout à fait volontaire!). Et malheureusement, elle est loin d'être un cas isolé ... Croyez-moi, personne ne veut se retrouver "persona non-grata" juste parce qu'on essaie de parler de nos enfants, qu'ils soient en vie ou non!
Dernièrement, une personne de mon entourage, habituée aux comportements déplacés, enceinte de 5 mois de son premier enfant, a ordonné à son mari de "ramasser le jouet du chien" parce qu'elle ne pouvait pas le faire, tout en se plaignant et se tenant le ventre. Ok, c'est possible! Je me demande juste comment elle fait pour mettre ses pompes!!! 5 jours après, elle se lamentait qu'un caissier avait voulu faire du zèle en la faisant passer devant tout le monde à la caisse prioritaire... Et là, les bras m'en tombent. Non mais, sans rire ??? Tout ça pour dire que des dizaines de milliers de personnes (moi incluse) rêverait d'être à sa place.
Je lis beaucoup de blogs de parents endeuillés, non pas parce qu'on forme un groupe de dépressifs qui cherchent quel serait le meilleur moyen de se foutre en l'air (oui, certaines personnes imaginent ça!), c'est juste que ce sont les seules personnes qui nous comprennent, une fois de plus sans condescendance. Nous nous comprenons, nous savons ce que nous ne voulons pas/plus entendre, nous sommes rassurés d'entendre que le deuil que nous vivons est extrêmement long et douloureux mais il est nécessaire, nous apprenons de bonnes nouvelles qui nous réjouissent parce que quand des personnes qui étaient au fond du trou entrevoient un espoir, ça fait plaisir pour eux.
Quand Ella est décédée, nous avons eu une immense vague de soutien qui est rapidement devenue de l'écume... Les gens ont pris leurs distances et je ne leur en veux pas. J'estime avoir été entourée de manière très professionnelle, avec quelques lacunes tout de même. Alors depuis ce jour, je cherche comment venir en aide à ces parents, mettre à profit mon expérience, faire en sorte qu'à la douleur ne s'ajoute pas les regrets. Je pense avoir trouver une piste, reste encore à tout mettre en place!!!
Ouvrez vos coeurs, écoutez-nous, n'essayez pas de nous comprendre, je vous souhaite de ne jamais pouvoir le faire. Ne nous ignorez plus sous prétexte que nous essayons de survivre tous les jours.